Parler d'histoire en Guinée continue à susciter une gêne. Parfois même à installer un malaise. Comme si les intérêts de puissants personnages allaient être bousculés ou d'anciens secrets de famille révélés après avoir été protégés pendant des décennies. Les archives guinéennes sont fragmentées. Certaines sommeillent chez des particuliers, au fond de tiroirs d'où on hésite à les sortir. L'existence même de traces de ce passé fait l'objet de rumeurs : untel (dit-on) a des photos, tel autre a de vieilles lettres ou des procès-verbaux d'interrogatoire. La mémoire guinéenne semble fragmentée, faite de pièces isolées qui, faute d'être intégrées dans leur puzzle d'origine, commencent à disparaître.
Ce livre est une contribution à l'assemblage du puzzle historique guinéen. Un travail collectif qui invite à aller au-delà des lignes de fractures du XXe siècle. Des auteurs guinéens, français, américain ont combiné leurs efforts pour rassembler des éléments de l'histoire des violences politiques en Guinée. Ils viennent d'horizons divers : universitaires, défenseurs des droits humains (FIDH, OGDH), journalistes (RFI) et apportent à cette recherche des regards complémentaires. Leurs textes sont accompagnés par le travail du photographe indien Mahesh Shantaram de l'agence VU et les illustrations du dessinateur congolais KHP. Un récit pluriel qui prouve au moins une chose : quand le silence se brise, que les souvenirs cessent d'être enfermés et que la mémoire devient collective, l'écriture de l'histoire devient envisageable.
« Mémoire collective » est un travail qui a associé Mouctar Bah, Maladho Siddy Baldé, Aliou Barry, Mohamed Saliou Camara, Anne Cantener, Laurent Correau, Safiatou Diallo, Vincent Foucher, Florent Geel, Florence Morice, Martin Mourre, Coralie Pierret, Antonin
Immeuble Le Golfe, Lanséboundji, Commune de Matam
BP: 730 Conakry, République de Guinée